Au cœur du mariage du prince Hussein de Jordanie : récit d’une journée historique

L’arrivée remarquée de William et Kate

Caméras et objectifs sont fixés sur le lourd portail noir, surmonté d’une couronne dorée, qui s’ouvre enfin pour laisser pénétrer les premiers véhicules aux vitres fumées. Pas de chance pour nous autres observateurs, les invités ne descendent de leur voiture qu’à l’abri des regards, derrière un splendide olivier, qui fait office de rond-point dans la cour du palais, mais qui bouche la vue. Seuls les yeux de lynx pourront apercevoir un bout de coiffure de la princesse Sophie de Liechtenstein ou un pan de la robe de la reine Maxima des Pays-Bas.

Des drapeaux collés sur le pare-brise des véhicules laissent toutefois deviner qui en sont les occupants. Alors quand passe une berline décorée d’un Union Jack, on s’écrie évidemment : « C’est Kate et William ! » Il ne serait pas de bon ton pour le prince et la princesse de Galles de voler la vedette aux véritables stars de la journée. Mais même dans une simple robe rose poudré, à la dentelle délicate, signée Elie Saab, Kate ne peut s’empêcher de resplendir.

Les Galles ouvrent le défilé des têtes couronnées étrangères. Suivent les autres délégations : le prince Frederik et la princesse Mary de Danemark, le roi des Belges Philippe et sa fille la princesse héritière Elisabeth, la reine Tunku Azizah Aminah Maimunah…

La venue surprise de Beatrice d’York

La princesse Victoria, héritière du trône de Suède, embrasse chaleureusement le roi Abdallah II qui accueille un à un ses hôtes, au côté de son épouse, la reine Rania. Si l’heure est aux accolades, personne n’en oublie le protocole : la plupart de ces altesses royales, qui ne sont pas encore sur le trône, font la révérence devant le couple souverain de Jordanie.

Un orchestre de cornemuses – instrument national hérité d’un temps où des régiments écossais occupaient le pays – rythme la suite des arrivées. Le roi émérite Juan Carlos d’Espagne – qui a depuis quelque temps quitté son exil d’Abu Dhabi – a fait le déplacement, avec son épouse, la reine Sophie, qui ne le porte pourtant pas dans son cœur…

La princesse Hisako – veuve d’un cousin de l’ex-empereur Akihito – représente le Japon. La Première dame des États-Unis, Jill Biden, est quant à elle accompagnée par sa fille, Ashley Biden.

Véritable surprise : en plus de Kate et William, d’autres représentants des Windsor assistent à ce mariage, en la personne de la princesse Beatrice d’York et de son époux Edoardo Mapelli Mozzi, un amoureux de la Jordanie.

Rajwa Al Saif, sublime dans sa robe de mariée Elie Saab

Tout ce beau monde s’installe dans un belvédère du jardin. Plus rien ne se passe jusqu’à ce déboule à toute vitesse une Jeep noire avec à son bord le futur marié. Il en descend vêtu d’un uniforme qui n’est pas sans rappeler celui porté par son père à son propre mariage.

Puis apparaît une Rolls Royce Phantom V 1968, depuis laquelle Rajwa Al Saif salue timidement la foule. En descendant sur le tapis rouge, elle attrape le bras de son beau-frère, le prince Hashem, 18 ans seulement, quatrième enfant d’Abdallah II, qui la mène jusqu’à l’autel, puisque son père, l’homme d’affaires saoudien Khaled Al Seif l’attend déjà à l’intérieur.

Elle est suivie par ses deux belles-sœurs, les princesses Iman et Salma, qui lui sont bien utiles, puisqu’elles portent la longue traîne de sa superbe robe drapée Elie Saab, dans le dédale des jardins du palais, qu’elle doit parcourir avant de retrouver son aimé.

La cérémonie est courte, à peine une vingtaine de minutes. Conduite par l’Imam Dr Ahmed Al Khalaileh, elle se résume surtout à des consentements. Dans la plus ancestrale des traditions, c’est le père de Rajwa qui accepte de donner la main de sa fille. Puis les deux mariés s’échangent leurs alliances : le prince Hussein peine à enfiler celle de son épouse. Un groupe de femmes entonnent des youyous pour marquer leur joie. Le prince baise la main de sa mère, Rania, en signe de déférence.

Les mariés s’en vont à bord d’une voiture d’exception

Tandis que les invités quittent le Zahran Palace, la famille royale jordanienne se plie à l’indispensable exercice des portraits officiels, dans les jardins et dans le hall du palais.

Puis le prince et la nouvelle princesse montent à bord d’une « Sheer Rover » blanche et ornée de fleurs.

Cette Range Rover customisée avait été spécialement conçue en 1984 pour une visite officielle de la reine Elizabeth II et du duc d’Édimbourg en Jordanie. Sortie exceptionnellement du Musée royal de l’automobile, où elle est exposée depuis 2003, elle offre au couple la possibilité de saluer la foule, debout et à l’air libre.

Escortés par les « Red Motorcade » – des Land Rover armées et rutilantes, utilisées lors des grands événements – Hussein et Rajwa descendent la « Zahran Street » jusqu’au palais Al Husseiniya. Nombreux Jordaniens se sont amassés sur les trottoirs, agitant des drapeaux et scandant leur joie.

Certains courent pour suivre tout du long la procession. Le jeune couple ne peut dissimuler son émotion face à cette effusion d’amour. Il est 18 heures et la soirée sera encore longue, puisqu’une réception, avec divers spectacles, puis un banquet d’État prolongeront la fête. Pour que ce grand jour qui fait vibrer la Jordanie ne se termine qu’au petit matin.