L’anthologie de 1 000 pages réunit et commente 114 prises de paroles publiques du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours. Des textes publiés aux allocutions qui ont marqué la mémoire collective, 16 chercheurs de l’Université de Corse se sont attelés à une œuvre aussi colossale qu’originale.
Si l’on s’en tient à la chronologie, tout commence avec la voix de Paoli au cœur de la guerre d’indépendance, tout s’achève en 2018, quand Emmanuel Macron prononça, à Bastia, « le discours de la rupture » avec les élus nationalistes. Entre-temps, l’histoire de l’île a eu ses porte-voix. À toutes les époques, en toutes circonstances et sur tous les sujets plus ou moins graves, préoccupants ou dépositaires d’enjeux. Ainsi pourrait être résumée L’anthologie des grands discours sur la Corse et les Corses*, un pavé de 1 000 pages.
Plus qu’un livre, l’aboutissement d’un chantier scientifique transdisciplinaire porté par l’Unité mixte de recherche en sciences humaines et sociales de l’Université de Corse. Une approche sans précédent dans l’exploration de l’histoire de l’île par le prisme des prises de parole mémorables. Doctorant en langue et culture corses et en littérature française, Kévin Petroni a codirigé la rédaction de cet épais volume, « un honneur », avec Christophe Luzi, ingénieur de recherche CNRS. « Cet ouvrage, c’est un aperçu de la dynamique des territoires sur trois siècles, confie le doctorant qui prépare sa thèse entre le campus cortenais et la Sorbonne. Il met en valeur une certaine forme de génie des Corses, dans la rhétorique, le sens de la chose publique. Il révèle la diversité des points de vue et l’importance de ces grands discours souvent critiques, qui cernent les manques auxquels la Corse a été confrontée à travers l’histoire ».
La structuration de l’ouvrage met encore plus en lumière la portée de ces voix qui ont compté et qui restent dans les mémoires. Chacune des prises de parole est précédée d’un propos introductif, et suivie d’un texte qui décrypte avec le recul du temps et le regard scientifique. Le tout au fil des chapitres thématiques, lesquels démontrent par là même que la santé, l’éducation, la violence, la jeunesse, l’insularité, la religion, ou encore la politique et ses institutions ont laissé la matière qui nourrit aujourd’hui cette anthologie. « Il faut justement rappeler qu’il s’agit d’une anthologie, souligne Eugène Gherardi, le directeur de l’unité de recherche qui a porté le projet, et qui figure parmi les contributeurs. Parce que c’est un choix. Les 114 discours, nous les avons sélectionnés, nous nous exposons donc tout naturellement au retour critique selon lequel nous aurions pu privilégier d’autres discours. »
Il est, en attendant, question, du « Monastère de Corbara » de Maupassant dans le chapitre consacré aux récits de voyage, du « Grand dérangement culturel » de Pascal Marchetti parmi les discours sur la langue corse, du propos de l’abbé Casanova sur la religion chrétienne, de celui de François Mitterrand à l’heure de l’avènement de l’Université de Corse, des « lettres aux jeunes Corses » d’Edmond Simeoni, du discours d’investiture de Jean-Guy Talamoni en 2015 devant l’Assemblée de Corse, et bien d’autres, dont la diversité n’a d’égale que l’œuvre transdisciplinaire qui donne du poids à l’ouvrage.
De Maupassant à Jean-Guy Talamoni, en passant par François Mitterrand
Historiens, géographes, spécialiste des sciences de l’éducation, de la langue et de la culture corses, chercheurs en sciences de gestion, économistes et autres juristes ont su faire alliance pour éclairer, grâce à ces grands discours, l’histoire de l’île sous un jour nouveau. Maître de conférences en géographie, Caroline Tafani s’est notamment intéressée aux discours, au cœur de la période du Riacquistu, de Dominique Taddei et Florence Antomarchi, « qui ont théorisé l’économie identitaire, posé la question de la conciliation entre un développement économique moderne et la valorisation de l’identité culturelle ». S’intéresser à ces discours, c’est aussi prendre de la distance avec le contexte dans lequel ils ont été prononcés ou écrits, jusqu’à battre en brèche un certain nombre d’idées reçues véhiculées à travers le temps dans l’opinion. Maître de conférences en sciences de gestion, Patrice Terramorsi a justement dépoussiéré le rapport de l’Hudson Institute commandé en 1970 par la Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale, et consacré au développement économique de l’île.
« Ce livre, c’est une anthologie polyphonique », observe Eugène Gherardi qui invite les Corses à s’y pencher, persuadé qu’elle leur permettra de revisiter leur histoire.
L’ouvrage fera l’objet d’une présentation aux universitaires du campus cortenais, le 12 juillet, dans la salle des actes du Palazzu naziunale.
* Ouvrage paru cette semaine aux Éditions Classiques Garnier.
Pour vous tenir informés, cet article autour du sujet « Rafraichissement et préservation de la mémoire », vous est fourni par souvenirdunjour.com. Cette chronique a été reproduite de la manière la plus complète qui soit. Vous pouvez écrire en utilisant les coordonnées inscrites sur le site web pour indiquer des détails sur ce contenu sur le thème « Rafraichissement et préservation de la mémoire ». La raison d’être de souvenirdunjour.com est de discuter autour de Rafraichissement et préservation de la mémoire dans la transparence en vous donnant la connaissance de tout ce qui est publié sur ce thème sur la toile Dans les prochaines heures notre équipe publiera d’autres infos autour du sujet « Rafraichissement et préservation de la mémoire ». Alors, visitez de manière régulière notre site.