Faut-il le rappeler ? L’exercice de l’intelligence n’est pas synonyme d’ennui. A l’heure où les promoteurs de Normandy Memory (anciennement Hommage aux héros) plaident le désintérêt du public pour justifier leur projet de spectacle immersif sur le Débarquement, une mise au point sur la transmission du passé paraît nécessaire.
En Normandie, comme ailleurs, il est d’autres façons d’intéresser le public à l’histoire que celles qui considèrent nos concitoyens comme des enfants dominés par le jeu de leurs affects. Les grands historiens savent aussi passionner auditeurs ou téléspectateurs sans recourir à l’histoire bling-bling que des marchands de mémoire vantent aujourd’hui comme la meilleure voie pour susciter l’intérêt que l’on doit au passé.
Par le truchement d’émissions de télévision ou de radio, par la réalisation de documentaires, par les moyens de conférences publiques ou d’expositions, de Marc Ferro à Georges Duby, ils ont été nombreux à entretenir les passions pour l’histoire et à éveiller les consciences civiques. Ils ont toujours procédé avec une économie de moyens qui fait le pari de l’intelligence. On peut passionner, on peut enthousiasmer, y compris les plus jeunes, sans opposer les émotions à la raison ni la pédagogie au plaisir. Elles peuvent aller de pair.
L’histoire n’est pas non plus une morale
L’Historial de Péronne, musée consacré à la Grande Guerre ouvert en 1992, n’a pas eu recours aux expériences immersives. Ses concepteurs n’ont pas cru indispensable d’accabler les visiteurs du bruit assourdissant des obus ou des odeurs pestilentielles des tranchées pour leur enseigner ce que fut la terrible expérience des soldats de 14-18.
Les scolaires et les curieux d’histoire y trouvent un riche récit, qui fait confiance à leur esprit critique, au meilleur sens du terme, et ne se résout pas à présenter la guerre « comme si l’on y était ». N’est-ce pas d’ailleurs manquer du plus élémentaire respect aux combattants d’hier que de prétendre restituer leurs souffrances et les horreurs des combats sur un théâtre où tout est joué avec artifice ?
L’histoire n’est pas non plus une morale. L’histoire qui sert, disait jadis le grand historien Lucien Febvre (1878-1956), est une « histoire serve ». Il revient à chacun de se forger son opinion, sur la base de ce qu’il aura appris et non à l’écoute de vérités assénées ou de sensations fugaces éprouvées dans le cadre d’un spectacle son et lumière.
Faire encore et toujours confiance à l’intelligence
L’histoire est une discipline intellectuelle qui vise à faire réfléchir sur le socle de connaissances certifiées. L’anti-intellectualisme qui prospère en nos temps assombris par les plus nauséabondes des idéologies conclut de cette définition que ce savoir ne serait pourvu que de vertus dormitives. C’est le contraire qu’il faut défendre. L’invasion des émotions comme seule forme d’apprentissage est une régression. Nous en faisons aujourd’hui la plus cruelle des expériences.
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