Depuis cinquante ans, Nadau en a fait des concerts, dans le grand Sud de la France. Du petit village à la grande salle, en passant aussi par le Zénith de Pau, mais aussi l’Olympia à Paris ! Iconique du Sud-Ouest et de son état d’esprit, la formation est née en Béarn, mais a des racines commingeoises avec son leader, Michel Maffrand.
Mais pourquoi ce groupe est-il si important pour toute la région ? Elements de réponse avec Géraud Delbès, spécialiste de la culture occitane et de la langue d’oc sur France Bleu Occitanie.
Quelle est l’origine du groupe Nadau ?
Au départ, c’est « Los de Nadau ». Et en 1973, c’est alors une toute autre formation, dans une période aussi différente. Celle où on souhaite créer des écoles où l’enseignement en occitan soit présent. Faire un peu ce qui se fait déjà en Bretagne avec les écoles Diwan, ou au Pays basque avec les Ikastola. En Occitanie, c’est aussi grâce au groupe Los de Nadau qu’il y a les premières écoles Calandreta. Et ça, il faut le rappeler parce que ça a pris du temps. Mais c’est grâce à la mobilisation de plusieurs artistes de cette génération et en particulier Los de Nadau.
Ça veut dire que c’est un groupe militant ?
Et toujours militant aujourd’hui, mais avec une façon peut être beaucoup plus pédagogique de raconter des choses, de présenter chaque titre, chaque chanson, pendant les concerts. Ça, c’est important, Mais c’est quand même un groupe qui raconte beaucoup d’histoires, qu’on ne connaît pas forcément.
Par exemple, grâce à Nadau, j’ai pu redécouvrir l’histoire des Croquants (la révolte paysanne) et notamment ce qui s’est déroulé à Villefranche-de-Rouergue avec Jean Petit, et la chanson « Jean Petit qui danse ».
Un jour, lors d’un concert à Villefranche-de-Rouergue, en Aveyron, Michel Maffrand (alias Joan de Nadau, le leader du groupe) chante « Jean Petit qui danse ». Et il dit au public : « ça, c’est une chanson de chez nous, du Béarn« . Mais en fait, pas du tout ! Après le concert un spectateur va le voir pour lui expliquer que cette histoire s’est en fait déroulée à Villefranche-de-Rouergue, avec les Croquants et avec le pauvre Jean Petit qui a très très mal terminé.
Ensuite, Michel Maffrand se documente, vérifie les informations, et consulte des archives. Et il crée une nouvelle chanson ! Qui rend hommage donc aux Croquants à Joan Petit.
Mais ce n’est pas un groupe uniquement occitaniste. C’est un groupe qui, au fil du temps, est devenu assez grand public quand même…
Absolument. Et aujourd’hui, lorsque vous consultez le site internet de Nadau, il y a beaucoup de concerts déjà complets dans les prochains mois. C’est fou ! Et que ce soit dans une petite commune ou une plus grande, c’est toujours plein. Et il y a toutes les générations, ça se mélange. J’ai été par exemple très surpris de voir Nadau une fois à L’Isle-Jourdain, dans le Gers, en Gascogne toulousaine, et de constater qu’il y avait beaucoup de jeunes, et qu’ils prenaient beaucoup de plaisir !
Nadau – De cap a l’immortela (Zenith de Pau 2017) (Nadau – Cadena Oficiau)
Alors pourquoi ce groupe est-il si important pour le Sud-Ouest et l’Occitanie au sens large ?
Parce que c’est important de raconter une histoire, et Nadau sait la raconter. Surtout que l’histoire d’ici, elle n’est pas connue. On n’en parle pas dans l’Éducation nationale. On connaît l’histoire de Paris, mais on ne connaît pas l’histoire d’ici. Donc c’est pour ça que je dis, c’est un groupe pédagogique. Ce qui n’est pas étonnant parce que Michel Maffrand était un professeur, de mathématiques. Donc il est vraiment très pédagogue.
Et puis, il y a aussi le côté festif chez Nadau, c’est ça qui est intéressant. On se retrouve, on apprend des choses et en même temps dans une très très bonne ambiance de « Conviviencia« . Et cette convivialité, on la retrouve à tous les concerts du groupe. C’est ça qui en fait le succès.
Et puis Michel Maffrand est un conteur hors pair…
Tout à fait, et depuis toujours. C’est quelqu’un extraordinaire. Et puis il faut avoir beaucoup de courage, beaucoup d’audace aussi. C’est quelqu’un qui aurait pu laisser sur son poste de professeur dans l’Éducation nationale pour se consacrer uniquement à la musique. Moi, je crois qu’il y serait vraiment arrivé, mais Nadau c’est déjà un énorme succès !
Et quand on voit tous les Zéniths remplis à Pau ou l’Olympia à Paris, il y a eu beaucoup, beaucoup de concerts. Pour l’Olympia (quatre concerts de 2000 à 2014), il y a eu à chaque fois des trains spéciaux qui partaient de Toulouse-Matabiau.
D’ailleurs, il faut s’imaginer ! On organise un train spécial, non pas pour aller voir une finale du Stade Toulousain… Non ! C’est pour aller voir un concert de Nadau ! L’Olympia à Paris, c’est superbe.
La hèstaretour des fêtes de dax Nadau
Nadau, c’est un peu l’incarnation de l’occitan ?
Il n’y a pas que lui, mais c’est vrai. Quand on pense à la musique occitane, ça dépend des générations, mais pour certains c’est Massilia Sound System, ou les Fabulous Troubadours. Mais pour le grand public c’est Nadau.
Et puis c’est une musique assez moderne…
Oui, c’est quand même très très moderne. C’est pour ça que c’est intéressant. Tout en parlant du présent, du passé et de l’avenir. Avec des instruments comme la cornemuse de Gascogne notamment. Et un sacré mélange avec à côté des guitares rock. Et ça fonctionne très, très bien.
Bon, c’est une histoire béarnaise, Nadau, mais aussi du Comminges !
Naturellement ! Beaucoup de gens imaginent que Michel Maffrand est béarnais. Pas du tout ! Il est du Comminges, du sud du département de la Haute-Garonne. Il est dans le Luchonnais, juste à côté du Val d’Aran. C’est aussi pour ça qu’il a réalisé une chanson consacrée à ce territoire occitan qui est vraiment voisin du Comminges. Et il a fait ses études au lycée de Saint-Gaudens, avant de partir travailler à Pau. Mais bien sûr qu’il est Commingeois ! La preuve, il est revenu vivre en Comminges.
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