« Trois océans et l’Hexagone » sont réunis pour trois jours à Saint-Denis de La Réunion. L’expression enchante Luc Carvounas. Le maire d’Alfortville (Val-de-Marne) est aussi président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale, les « CCAS » comme on dit dans le jargon de l’administration. Un sigle pour désigner le bras armé des communes pour répondre aux besoins des plus pauvres. L’association d’élus (transpartisane) qui les fédère est « la deuxième plus ancienne après l’Association des maires de France », aime à rappeler Luc Carvounas.
Luc Carvounas, maire d’Alfortville et président de l’Union nationale des CCAS (Unccas), ce mercredi 15 novembre 2023, en ouverture des Rencontres des solidarités des Outre-mer. © Ouest-France
Trois cents acteurs venus des territoires ultramarins
Et l’Unccas a fait des Outre-mer, une priorité. Priorité incarnée notamment par la première vice-présidente de l’association : Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis de La Réunion. Jusqu’à vendredi 17, l’élue accueille dans sa ville les premières Rencontres des solidarités des Outre-mer. Trois cents acteurs des CCAS de ces territoires ont fait le déplacement à La Réunion. Mayotte, la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Nouvelle-Calédonie sont, notamment, représentées. Des élus hexagonaux sont également présents. « Une mobilisation historique », se réjouit Ericka Bareigts en ouverture du congrès qui vante « le caractère exceptionnel » de ces rencontres.
Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis de La Réunion et première vice-présidente de l’Union nationale des CCAS. © Ouest-France
Des problématiques d’une « densité particulière »
« Les Outre-mer, ce sont trois millions d’habitants, trois océans », décrit l’élue. Elle évoque « des problématiques (grande pauvreté, logement, insertion) », pas spécifiques aux territoires ultramarins mais qui s’y expriment avec « une densité particulière ».
À la tribune, Thierry Sébéloué, directeur de la collectivité territoriale de Guyane, a énoncé sobrement une situation critique. « Notre territoire s’appauvrit », a-t-il dit, rappelant que « 50 % de la population est pauvre en Guyane ».
« Voisins » des Réunionnais, les élus de Mayotte sont venus en nombre. Sur cette autre petite île de l’océan indien, 77 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté selon l’Insee. Et actuellement, l’eau ne coule au robinet qu’un jour sur trois.
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#RencontresUnccas | Retrouvez le discours de @luccarvounas pour l’ouverture des rencontres des solidarités des outre-mer :
??? »3 jours où on va faire de la politique, 3 jours qui vont servir au quotidien des ultramarins »
— Unccas (@unccas) November 15, 2023
« Un manifeste pour les Outre-mer »
Que faire quand la misère est si grande ? À l’issue des Rencontres, Luc Carvounas annonce « un manifeste pour les Outre-mer, avec des propositions concrètes pour faire du lobbying » auprès du gouvernement, notamment. Ce manifeste sera remis au ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, en ouverture du Congrès des maires qui se tiendra à partir de lundi 20 novembre à Paris. L’idée de l’UNCCAS : « parler d’une seule voix » pour les territoires ultramarins et que le document qui sortira de ces rencontres propose un « programme pluriannuel d’investissements ».
Ericka Bareigts ajoute le souhait de voir se créer une « plateforme où toutes les initiatives seront répertoriées » et réclame des indicateurs harmonisés. Luc Carvounas annonce le lancement à ce sujet d’un « observatoire social des Outre-mer baptisé Corail ».
« Les constats, nous les connaissons presque tous »
Qu’attendre de ces rencontres ? Pour Thierry Sébéloué, directeur de la collectivité territoriale de Guyane : « On connaît les chiffres. À part faire bouger les choses au niveau de l’État, rattraper le retard, je ne vois pas trop quoi faire… »
« Les constats, nous les connaissons presque tous », partage Sabrina Roger, conseillère départementale de Guadeloupe, qui rappelle la préoccupation des CCAS : tenir avec des budgets trop courts pour finir l’année. « On n’est pas là pour enfoncer des portes ouvertes », rassure Luc Carvounas pour qui « il y a de l’argent », mais il faut « des choix politiques » pour rattraper le retard social dans les territoires ultramarins.
« Je viens du Nord et j’ai vu comment l’État est capable d’un rattrapage », insiste le sénateur socialiste Patrick Kanner, présent à La Réunion au titre de président d’honneur de l’Unccas. « Il faut appliquer une logique d’équité : donner plus à ceux qui ont moins. »
« Ces rencontres auront un sens si et seulement si ça se traduit en actions, estime Saïd Salim, président de l’Union départementale des CCAS de Mayotte. Ce que je trouve extraordinaire, c’est le partage des expériences et des bonnes pratiques. Maintenant, il faut les traduire sur le terrain. » Est-il confiant dans le fait que l’appel de La Réunion soit entendu à Paris ? « Quand on est responsable, on se doit d’être optimiste et de trouver des solutions. C’est comme dans une famille : si le chef de famille s’en va quand il y a une difficulté, alors il y a un gros problème. »
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