Le Sétois Jean-Marie Fabre, qui a fait vivre le biscuit Pouget du quai du Bosc pendant 40 ans, passe le flambeau à Tony Merenda, 20 ans, et sa maman Patricia, tous deux des anciens clients de cette boutique historique de l’île Singulière.
« Il n’y a pas de hasard mais que des rencontres. » Ce sont les mots du poète Eluard qu’emprunte le Sétois Jean-Marie Fabre, 71 ans, pour raconter comment il a pu sauver de la fermeture définitive la biscuiterie Pouget, 110 ans d’âge cette année. « Quand les choses doivent se faire… »
Après 40 ans de labeur et de passion, aidé par sa femme “Minouche” (Marie-Thérèse), à fabriquer nuit et jour ses savoureux biscuits, chalumeaux, gaufrettes, carrés, madeleines, cakes au chocolat, macarons, sans oublier la fameuse navette cettoise qui fleure bon le citron, l’anis, la fleur d’oranger, la cannelle… c’est à Tony Merenda, 20 ans que Jean-Marie Fabre passe le flambeau d’un savoir-faire, tout à la main, créé par la famille Pouget.

« Pour tout reprendre, il faut être barjot »
Il en a eu quelques-unes des propositions de reprises. « Mais quand je disais “pour tout reprendre il faut être barjot”, ils partaient un peu en courant », sourit Jean-Marie Fabre, qui a fait ses gammes dans la restauration en Angleterre. Sa journée commence vers 3h du matin et s’arrête en fonction de la demande des biscuits. « C’est un rythme soutenu », confie celui qui a enchaîné toute sa carrière des journées continues, sans pause repas.

Les madeleines sont encore cuites sur des plaques et dans un four qui datent de… 1913, leur donnant cette cuisson et ce charme si particuliers et chers au cœur des clients, issus pour certains de toute la France.

« Certains venaient il y a 20 ans et me disent qu’ils retrouvent l’odeur de leur enfance »
« Certains venaient il y a 20 ans et me disent qu’ils retrouvent l’odeur de leur enfance. Je n’ai jamais voulu casser cette histoire, cette ambiance d’époque, cette tradition artisanale, je ne suis pas dans l’idée du toujours plus, c’est aussi ce que les gens viennent chercher ». Jean-Marie Fabre comprend à l’heure de sa retraite que « ce n’est pas ma biscuiterie, c’est celle des Sétois ». À l’idée que cette histoire se termine, certains en ont eu les larmes aux yeux.
Comme Patricia Merenda, la mère de Tony. La biscuiterie, c’est sa madeleine de Proust, son péché mignon. « Je venais à la biscuiterie quand j’étais petite. Mon arrière grand-père avait un lien de parenté avec les Pouget. On avait nos chalumeaux tous les dimanches. Je me souviens de la mère Pouget qui fabriquait les gaufrettes et elle me donnait toujours les brisins (brisures). » Adulte, elle a bien sûr acheté des paquets de madeleines au chocolat pour le goûter des enfants… et le sien.

C’est l’été dernier que Patricia apprend la mise en vente du commerce et que sans repreneur, il va fermer. « Elle est passée à 20 minutes de la fermeture, ce jour-là, elle avait changé de quai pour se rendre à l’onglerie de ma sœur, parce qu’il faisait trop chaud », raconte Tony, son fils. Patricia s’empresse de le prévenir. « J’ai réfléchi un jour seulement avant de rappeler Jean-Marie », poursuit le Sétois âgé de 20 ans, qui travaillait depuis trois ans avec son père dans le domaine de la climatisation. Mais que l’esprit d’entrepreneur démangeait depuis un petit moment.
« Quand j’étais petit, à la biscuiterie, il était le monsieur de l’ombre, toujours à l’arrière dans l’atelier. J’en parlais à mes parents à l’adolescence, je leur disais que ça me plairait de faire ça si un jour il vendait. Moi aussi je travaille de mes mains et je suis un solitaire, j’aime bien être dans ma bulle comme Jean-Marie, le matin quand il fait encore nuit, c’est calme, ça me correspond », livre le tout nouveau biscuitier Pouget, qui sera assisté par sa maman Patricia côté vente.

« Je l’admire »
Depuis un mois, Jean-Marie (qui a arrêté la vente dimanche dernier aux Halles) lui enseigne les ficelles du métier et ses précieux secrets de fabrication « qui font la différence ». Mais au-delà du tour de main pour rouler les navettes, les deux hommes ont surtout humainement accroché. « C’est impressionnant comme on s’entend », va jusqu’à dire l’apprenti sétois, malgré la différence d’âge.
« Je l’admire, quand il m’a reçu chez lui, on a d’abord parlé de travail puis de tout autre chose, il est comme j’aimerais être. Et lui se reconnaît en moi quand il avait 20 ans. Ce n’est pas qu’une recette qu’il me transmet, c’est un tout. » Tony, qui volera dans quelque temps de ses propres ailes, imagine déjà « l’énorme potentiel » que peut offrir le bijou que vient de lui confier Jean-Marie, avant une retraite grandement méritée.
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