Des « garanties indispensables pour la sécurité d’Israël » et « un État pour les Palestiniens ». Emmanuel Macron, qui se rend en Israël, ce mardi 24 octobre 2023, plus de deux semaines après l’attaque du Hamas, devrait rappeler les deux piliers de la diplomatie française sur le conflit israélo-palestinien. « C’est la ligne que la France défend avec constance, qu’elle continue à défendre sans varier et qu’elle continuera de porter », avait rappelé le chef de l’État lors de son allocution, le 12 octobre.
Mais la position de la France a-t-elle toujours été aussi constante ?
La « complicité » des premières années
Il faut rappeler que la France, qui est alors un empire colonial, n’a pas tout de suite reconnu Israël et qu’elle a attendu quelques mois après la déclaration d’indépendance de David Ben Gourion, le 14 mai 1948. « La France, puissance musulmane, doit s’en tenir à une position prudente », déclare Édouard Depreux, alors ministre français de l’Intérieur.
Neuf mois plus tard, la France, qui avait voté en faveur du plan de partage de la Palestine adopté par l’Onu en 1947, finit tout de même par reconnaître l’État d’Israël. Et très vite, les deux pays vont trouver une « très grande complicité », raconte Pascal Boniface, directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques, dans une vidéo sur son compte Youtube. D’une part, parce que les dirigeants français et israéliens entretiennent une certaine proximité. D’autre part, parce que le génocide des juifs pendant la Seconde guerre mondiale est encore très récent.
Les liens entre la France et Israël sont étroits au point que les deux pays décident de coopérer pour obtenir l’arme nucléaire. Par ailleurs, l’Empire colonial français étant à l’époque confronté à des dynamiques indépendantistes, Paris trouve dans Israël un allié face aux pays arabes. En 1956, les deux pays, ainsi que le Royaume-Uni, s’allient pour envahir l’Egypte à la suite de la nationalisation du canal de Suez. Il faut la pression des deux géants de l’époque, les États-Unis et l’URSS, pour apaiser les tensions.
Le tournant de la guerre des Six-Jours
En 1958, le général De Gaulle revient au pouvoir en France. Les relations avec Israël restent bonnes mais le nouveau président français met un terme à la collaboration entre les deux pays sur la dissuasion nucléaire, estimant qu’il s’agit d’une question de sécurité nationale.
« Le grand tournant, c’est en 1967, la guerre des Six-Jours, poursuit Pascal Boniface. De Gaulle avait dit à Israël que la France serait solidaire en cas de menace. Mais il avait aussi demandé à Israël de ne pas commencer la guerre. » Or le 5 juin 1967, Israël lance une attaque préventive. En réaction, le général de Gaulle décide d’un embargo sur les armes pour Israël. Le chef d’État français heurte aussi les Israéliens en qualifiant les juifs d’un « peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ».
« C’est une rupture. Même si les relations entre la France et Israël resteront nourries, l’alliance fondamentale est cassée. Israël va prendre les États-Unis comme protecteur », explique encore Pascal Boniface.
Avec Georges Pompidou puis Valéry Giscard d’Estaing, la France choisit de se rapprocher des pays arabes. « Le fond du problème est de considérer qu’il ne peut y avoir de paix durable au Proche-Orient que si la question palestinienne fait l’objet d’un juste règlement… À partir du moment où la communauté internationale reconnaît l’existence d’un peuple palestinien, ce peuple doit pouvoir disposer d’une patrie… », déclare Valéry Giscard d’Estaing en 1974. Six ans plus tard, le président français et ses alliés européens de la Communauté économique européenne reconnaissent via la déclaration de Venise le droit des Palestiniens à l’autonomie gouvernementale.
La popularité de Chirac dans les pays arabes
L’élection de François Mitterrand en 1981 est plutôt bien perçue en Israël. « Il est considéré comme un ami d’Israël », indique Pascal Boniface. En 1982, il devient le premier président français à se rendre en Israël. Mais lors d’un discours à la Knesset, le parlement israélien, il n’hésite pas à poser la question palestinienne, comme le montre l’archive vidéo ci-dessous de l’Ina sur Youtube. « Le dialogue suppose que chaque partie puisse aller au bout de son droit, ce qui pour les Palestiniens peut le moment venu signifier un État », déclare-t-il.
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À son tour, lorsqu’il arrive à l’Elysée, Jacques Chirac est perçu « très favorablement par Israël », notamment car il reconnaît la responsabilité de l’État français dans la rafle du Vel-d’Hiv. Mais l’événement marquant intervient le 22 octobre 1996. Alors qu’il visite la vieille ville de Jérusalem, le président français s’emporte contre les services de sécurité israéliens qui repoussent des passants. « You want me to take my plane and to go back to France ? » (vous voulez que je reprenne mon avion et que je retourne en France), lance Jacques Chirac.
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« Cette scène est mythique dans de nombreux pays arabes », reconnaît Pascal Boniface. Selon le géopolitologue, Jacques Chirac en tirera « une popularité immense ». D’autant que dans le même temps, le président français conserve une relation avec Yasser Arafat. C’est d’ailleurs en France que meurt le dirigeant de l’Autorité palestinienne en 2004. « À l’époque, la France est le seul pays occidental à soutenir très fortement la création d’un État palestinien », se souvient Pascal Boniface.
Une position plus discrète
Un nouveau tournant intervient en 2005. Alors qu’Israël se retire de Gaza, Jacques Chirac accueille Ariel Sharon, alors Premier ministre israélien, à Paris. Les relations entre les deux pays se réchauffent et après plusieurs polémiques sur l’antisémitisme, la France entame un travail sur le sujet. « À partir de là, la France sera moins allante dans le dossier israélo-palestinien », dit encore Pascal Boniface.
La ligne de la France n’évolue plus avec Nicolas Sarkozy, ni avec François Hollande, dont le programme prévoyait pourtant la reconnaissance de la Palestine. L’élection d’Emmanuel Macron ne change rien alors que les conditions d’un accord s’éloignent, avec la prise de pouvoir du Hamas à Gaza et le tournant droitier de la politique israélienne. La France maintient sa position et continue de réclamer une solution à deux États. Seulement, elle le fait moins fort.
En Israël ce mardi, Emmanuel Macron aura l’occasion de faire entendre la voix de la France sur ce sujet géopolitique si sensible.
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