À Brest, la Maison du Peuple, un siècle d’histoire sociale [En images]

• 1 Un siècle d’engagements

« Du bâtiment d’origine, il ne reste rien. Mais la Maison du Peuple, ce sont 100 ans d’histoire des Brestoises et des Brestois, 100 ans d’engagements. Marquer ces 100 ans, c’est rappeler combien Brest sait se battre ». François Cuillandre, le maire, a posé son regard au-delà des pierres, ce mercredi 17 avril 2024, à l’occasion du centenaire de cette institution. Il a rappelé des mobilisations comme « Brest debout » en 1996 pour défendre l’Arsenal. À ses côtés, Michel Creignou, qui préside la société civile immobilière « Les Amis de la Maison du Peuple » qui gère ce bâtiment, lieu d’accueil des syndicats, venait de rappeler les temps forts de ce siècle écoulé.

En 1885, l’horloger Victor Chinon créait le premier syndicat brestois. Puis, en 1894, une chambre syndicale regroupant les quatre syndicats existants. La gauche gagne les municipales de 1904 et obtient que la Bourse du travail devienne municipale, à l’emplacement actuel de la Banque de France. En 1912, un comité, « Les Amis de la Maison du Peuple », se crée à l’initiative de Victor Pengam et Jules Le Gall. Il propose diverses fêtes et activités culturelles (prônant la révolution) et sportives. Le but est de financer un bâtiment. La Première Guerre mondiale arrête l’élan.

3 D’abord deux baraquements

En 1920, le militant Édouard Le Bris donne un terrain de 1 541 m2 au Bois de Boulogne (actuellement le terrain sportif de l’avenue Foch). En 1924, la municipalité offre deux baraquements de 30 x 6 m. L’un sert à des meetings (200 places assises), l’autre propose une douzaine de bureaux. Une bibliothèque gratuite est mise en place. On joue là des pièces de théâtre, des instituteurs syndiqués donnent des cours. Un orchestre est créé. Josette Mazé donne des conférences féministes.

4 L’incendie puis la destruction

Une grande salle est construite en 1927 pour les réunions et soirées, et du cinéma à partir de 1935. Certains réfugiés espagnols sont hébergés là jusqu’en 1936. Mais le 20 décembre 1938, un incendie ravage la salle. Il était déjà question de bâtir une Maison du Peuple en dur. Des pourparlers avec la Ville existent, à l’été 1939, pour un échange de terrain. La guerre y met fin. Début juillet 1943, l’autorité allemande occupante ordonne à la mairie de démolir les installations. Victor Eusen, qui fait office de maire, met à disposition une salle de classe à l’école des garçons de la place Guérin et une à l’école de musique.

5 La reconstruction en plusieurs temps

Brest est presque rasée. Les syndicats sont provisoirement hébergés au 101, rue Jean-Jaurès et les meetings se tiennent au cinéma Vox ou au nouveau théâtre, rue Yves-Collet. Une baraque voit le jour rue Duquesne, face à l’actuel hôtel des impôts, qui devient la cité syndicale. L’activité militante est soutenue. Le 17 avril 1950, Édouard Mazé est tué par les forces de l’ordre lors d’une manifestation. Le relogement de la population occupe davantage les esprits que la reconstruction d’un véritable bâtiment syndical. La municipalité semble réticente. Il faut attendre le mandat de Georges Lombard pour que, fin 1961, la Ville vote l’échange du terrain de l’avenue Foch contre un autre, rue de l’Harteloire. L’inauguration du bâtiment a lieu le 1er mai 1962. Une seconde tranche met bien vingt ans à aboutir : le chantier démarre sous Pierre Maille en octobre 1998.