Le président de la République vient de rendre hommage (enfin) à ces résistants du Vercors et d’ailleurs qui, en 1944, ont subi l’attaque de la milice française de Pétain, puis des troupes nazies, faisant plus de 800 morts.
Après avoir fait entrer les diverses résistances communistes et étrangères au Panthéon (il était temps) avec Missak et Mélinée Manouchian, cette commémoration marque le début d’une longue séquence à l’occasion des 80 de la libération de la France.
Il est néanmoins nécessaire de rappeler quelques faits d’histoire, car les nier, les sous-estimer où les passer sous silence, serait faire preuve de révisionnisme historique.
À la Libération, l’institut français d’opinion publique interroge la population française pour savoir à quel pays allié, selon elle, on doit principalement la victoire contre le fascisme et le nazisme. En toute connaissance de cause, 60 % des personnes interrogées répondent : l’Union soviétique. Sont-ils pour autant tous admiratifs du pays des soviets ? Sont-ils tous adeptes du régime politique tenu d’une main de fer par Staline ? Certes non. Mais ils savent ce que Stalingrad a pu représenter. Que c’était là que l’effondrement du nazisme avait commencé, en février 1943 et non pas en juin 1944.
Plus d’un demi-siècle plus tard, la même question est reposée. L’estimation du rôle de la contribution américaine a triplé, à 54 % contre 20 % seulement en 1946 ; celle des Britanniques est passée de 12 % à 18 %. Mais où sont passés les Soviétiques ? Leur rôle primordial a fondu, avec 23 % de réponses. Voilà une formidable injustice.
Sans rentrer dans des considérations morbides, toutes les études estiment que plus de 21 millions de citoyens soviétiques (13 % de la population de l’époque) sont morts lors de l’invasion nazie, contre plus de 450 000 Britanniques, 420 000 Américains, 45 000 Canadiens, 40 000 Australiens, 12 000 Néo-Zélandais et bien d’autres encore y ont laissé leur vie. Reste que la totalité de la bataille de Normandie a fait 40 000 morts, celle de Stalingrad près d’un million de victimes parmi les soldats soviétiques. Il n’est évidemment pas question de concurrence, mais quand même un peu de décence.
Ces pertes et cette résistance n’effacent nullement la répulsion que nous inspirent les crimes sans nom, ni les « complots déjoués », les « traîtres démasqués », les « justes pendaisons » (comme le chantait Jean Ferrat dans Le Bilan), ni l’immense amertume du constat du Stalinisme et de ses avatars qui ont discrédité le beau nom de communisme. Cet idéal qui nous faisait combattre la bête immonde et qui nous pousse encore à nous battre aujourd’hui pour réinventer un autre avenir que le capitalisme mortifère. Mais un fait est un fait, le nier à l’occasion de ces cérémonies commémoratives, c’est l’Histoire (réelle) que l’on assassine au nom de la mémoire (falsifiée).
Au moment où tant de conflits émergent dans le monde (Palestiniens massacrés, Ukraine et Russie, Yémen, Soudan, etc.), au moment où les extrêmes droites et le populisme prospèrent en Europe, amenant misère sociale et guerre, plus que jamais la paix est le désarmement sont des combats d’actualité. Pas seulement en paroles, mais en actes.
Et, comme le disait Paul Valery : « La guerre est un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas »
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