L’histoire de l’art contemporain de 1950 à 1990 à travers les yeux des artistes du Mac/Val

Avec « L’œil vérité », le Mac/Val de Vitry-sur-Seine propose jusqu’au 22 septembre 2024 (plus d’un an d’exposition !) une histoire de l’art contemporain en France de 1945 à 1990 à travers ses collections. De Valerio Adami à Sabine Weiss, ce parcours riche et un peu sévère se structure en 16 étapes dont les titres utilisent systématiquement le mot œil. Il est l’occasion de ressortir des pièces peu ou pas exposées depuis l’inauguration du musée en 2005 et de retrouver des artistes parfois oubliés par les institutions françaises.

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Clin d’œil à Marcel Duchamp

Le parcours commence par un clin d’œil à Marcel Duchamp avec cet ensemble de douze tableaux d’André Raffray rappelant les œuvres capitales de l’artiste telles que Le Porte-bouteilles (1914) et Étant donnés (1946-1966). Une manière pour le Mac/Val de souligner la dette des artistes modernes à l’inventeur des ready-made et à son goût du second degré.

Détail de Marcel Duchamp en douze images (2001) d’André Raffray, présenté dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Détail de Marcel Duchamp en douze images (2001) d’André Raffray, présenté dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Repartir à zéro ?

Qu’ont à faire ensemble une immense toile rouge d’Alfred Manessier, faisant référence à la condamnation à mort d’autonomistes basques pendant la dictature de Franco, une sculpture en bronze de Germaine Richier évoquant l’espace et le dialogue des formes, et une toile très matiériste du peintre aujourd’hui oublié René Laubiès ? Ils permettent d’évoquer sous le titre de « L’œil imprévisible » les va-et-vient de l’art après la Seconde Guerre mondiale, entre figuration et informel, lyrisme et distance. Plus que la formule de « Repartir à zéro », le Mac/Val préfère rappeler les liens avec l’art précédant la guerre et évoquer la dette de l’abstraction au surréalisme.

De gauche à droite : Le Procès de Burgos (1970-1971) d’Alfred Manessier, Trio I (1954) de Germaine Richier et Sans titre (1954) de René Laubiès, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

De gauche à droite : Le Procès de Burgos (1970-1971) d’Alfred Manessier, Trio I (1954) de Germaine Richier et Sans titre (1954) de René Laubiès, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Op’Art et cinétisme

Comme l’annonce le titre « L’œil moteur », il est ici question du mouvement, de la lumière et de la couleur qui s’emparent de l’art cinétique et de l’Op’Art dans les années 1960. Lentement, les fils de nylon noir de Pol Bury s’animent et ses courbes métalliques s’entrechoquent. Pour Soto, c’est le spectateur qui, en se déplaçant latéralement, fait varier la lecture de ses Vibrations. Chez Bernard Moninot, l’ombre étirée des formes géométriques évoque les transformations des choses.

De gauche à droite : 1815 et 2185 points blancs (1967) de Pol Bury, Tres Vibraciones (1988) de Jesus Rafael Soto, Frontenay II, Lodi I, Mathura I (1992) de Bernard Moninot et Douze courbes allongées (1990) de Pol Bury, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

De gauche à droite : 1815 et 2185 points blancs (1967) de Pol Bury, Tres Vibraciones (1988) de Jesus Rafael Soto, Frontenay II, Lodi I, Mathura I (1992) de Bernard Moninot et Douze courbes allongées (1990) de Pol Bury, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Tout en retenue

L’une des salles les plus touchantes reste celle intitulée « L’œil impossible ». Loin de la monumentalité de certaines toiles abstraites ou des couleurs vives de la Figuration narrative, les pièces de Geneviève Asse et Philippe Lepeut séduisent par leur économie de moyens et leur retenue. Le Mac/Val a voulu mettre en avant le goût de ces artistes pour la géométrie et pour la couleur bleue, utilisée « pour traduire les efforts de la réminiscence et la matière poreuse de l’imagination ».

De gauche à droite : Cercle fenêtre (1973) de Geneviève Asse, Suite Figmenta Poetica II et I (1988) de Philippe Lepeut et Hommage à Saenredam (1969) de Geneviève Asse, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

De gauche à droite : Cercle fenêtre (1973) de Geneviève Asse, Suite Figmenta Poetica II et I (1988) de Philippe Lepeut et Hommage à Saenredam (1969) de Geneviève Asse, présentés dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Des Nouveaux Réalistes à Supports/Surfaces

La collection du Mac/Val se révèle riche en œuvres des Nouveaux Réalistes avec une table des Puces de Daniel Spoerri, une incroyable silhouette en feuilles d’aluminium de Martial Raysse, une palissade de Raymond Hains ou ces bicyclettes compressées de César. A ce chapitre dédié à Pierre Restany, l’inventeur de ce mouvement, succède celui dédié à Supports/Surfaces avec une échelle de Daniel Dezeuze, une bâche de Claude Viallat et deux œuvres de Christian Jaccard dont le musée Fabre de Montpellier va exposer la donation à partir du 18 décembre.

Au centre, Compression (1995) de César, présentée dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Au centre, Compression (1995) de César, présentée dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Trésors de Sarkis

Comment terminer ce parcours forcément incomplet (manque la Figuration libre, par exemple) et subjectif ? Le parti-pris est de clore les seize étapes par une vaste et impressionnante installation de Sarkis, Trésors de mémoire, réunissant des néons rouges et des photographies de films anciens reproduites dans Les Cahiers du cinéma et où les enfants sont présents. Comme l’œuvre d’André Raffray, qui ouvrait l’exposition, cette « conversation » rappelle le travail d’autres artistes du XXe siècle et montre que l’art est une perpétuelle recréation.

Trésors de mémoire (1992) de Sarkis, présenté dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer

Trésors de mémoire (1992) de Sarkis, présenté dans l’exposition « L’œil vérité » au Mac/Val, Ivry-sur-Seine, 2023 ©Guy Boyer



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