Macron à Marseille : Entre le président et Benoît Payan, une « histoire d’amour » compliquée

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Entre eux, tout a commencé autour d’une blanquette de veau à l’Elysée. C’est en tout cas l’histoire sur papier glacé qui se raconte du plan « Marseille en grand », dont les prémices se dessinent lors de ce dîner, en mars 2021, entre Emmanuel Macron et Benoît Payan. La sauce prend entre ces deux quarantenaires, nés à un mois d’intervalle. Et à la fin de l’été, le maire de Marseille accueille chaleureusement le président de la République à son arrivée sur le Vieux-Port, au premier jour d’un déplacement de trois jours au format inédit. « L’Etat et la Ville, main dans la main, pour se donner les moyens de faire de Marseille la grande capitale du Sud », tweete-t-il en guise de bienvenue.

« Le président aime sincèrement Marseille, tout est dit dans sa vidéo pour les 30 ans du sacre de l’OM, ce club l’a fait vibrer », glisse Sabrina Agresti-Roubache, proche du couple présidentiel et députée Renaissance des Bouches-du-Rhône, alors qu’Emmanuel Macron s’apprête ce lundi à lancer l’acte deux du plan Marseille en grand, de nouveau lors d’une longue visite. « J’ai trouvé chez le chef de l’Etat un partenaire fiable et qui aimait cette ville », a aussi souligné Benoît Payan mercredi devant la presse, saluant le travail présidentiel « hors norme sur Marseille ».

Mais le contexte a bien changé depuis la première visite et les bans officiellement publiés dans les jardins du Pharo. A la tribune, ce 2 septembre 2021, Emmanuel Macron appelle à mettre fin aux « chicayas » devant un parterre d’élus locaux, dont beaucoup de Républicains n’ont alors pas encore rallié le parti présidentiel. Nous sommes à moins de huit mois de la présidentielle. De son côté, Benoît Payan est le seul à prendre la parole avant Emmanuel Macron. Il est dans ses habits récents de maire, après la démission de Michèle Rubirola. Les financements de l’Etat lui sont vitaux pour mener à bien le chantier urgent de la rénovation des écoles, mais aussi les dossiers des transports, de la sécurité ou encore du logement insalubre.

« La lune de miel va finir par se terminer »

Deux ans ont passé depuis ces noces. Emmanuel Macron a tenu sa promesse d’engager les moyens financiers et de revenir. Mais si Marseille reste l’enfant commun à chérir, le « couple » Macron-Payan est plutôt passé, lui, en mode statut « c’est compliqué ». « La lune de miel va finir par se terminer » se plaît même à dire Bruno Gilles, qui a finalement rallié le groupe d’opposition de la droite marseillaise, après sa candidature dissidente contre Martine Vassal aux dernières municipales. « Le gymnase de la Busserine, c’est un véritable affront, ce n’est pas quelque chose que l’on peut minimiser », poursuit-il, faisant écho au « bras-de-fer » relaté samedi par Le Figaro : la délégation, venue faire des repérages avant la visite présidentielle, s’est en effet vue refuser l’accès par le gardien de ce gymnase municipal des quartiers nord.

« Le temps des élections viendra et mêler le président de la République à cela n’est pas très glorieux », déclarait pourtant le jour-même Benoît Payan, dans une interview au quotidien régional La Provence, avant d’ajouter : « Le mettre dans une bataille de politique politicienne, c’est vraiment abîmer sa démarche qui n’est pas une démarche d’intérêt. » Sauf que le couac vient de ses équipes, a priori de la direction des sports. Couac qu’il balaie depuis comme d’un revers de la main, et sur lequel la ville n’a pas fait suite à nos demandes d’interview.

Ce vendredi matin sur BFM Marseille, Benoît Payan préfère insister sur ce qui fait tenir l’alliage : « Je ne partage pas avec Emmanuel Macron un certain nombre de sujets. Je ne suis pas dans sa majorité, je ne me situe pas dans l’adhésion de sa pensée, pour autant je dois reconnaître que sur Marseille, il y a quelque chose de fort qui nous unit, et que c’est un sujet sur lequel non seulement il a tenu parole mais sur lequel il a tenu des engagements forts, et c’est cela qui m’intéresse. »

« Tout le monde critique mais veut sa séquence »

Reste qu’un préfet et un chef de cabinet présidentiel devant rebrousser chemin, l’image n’est pas courante. A mi-mandat municipal, la droite locale ne s’est en tout cas pas privée de la commenter ardemment. « C’est une faute politique », tance ainsi Lionel Royer-Perreaut, député (ex-LR rallié à Renaissance) et chef de file de l’opposition de la droite marseillaise. « Je ne comprends pas cette posture de Benoît Payan. Il ne garde pas ses nerfs. Si encore c’était la première fois, mais on l’a vu faire déjà avec la Première ministre, le ministre du logement, Gérard Darmanin…. De façon générale, tout le monde critique le président, peu le soutiennent, mais tout le monde veut sa séquence. »

Cet épisode a-t-il coûté un tête à tête entre Emmanuel Macron et Benoît Payan ? On imagine mal qu’une telle rencontre ne soit pas du programme mais l’Elysée laisse planer le doute jusqu’au bout ne confirmant pas, jeudi soir, une telle entrevue. Le palais présidentiel fait savoir que la relation avec Marseille « est bonne au sens où nous avons un intérêt commun », qui est « de changer la vie quotidienne des Marseillais. ». Mais l’Elysée rappelle au passage que la réussite des premières traductions concrètes du plan Marseille en Grand est un « succès partagé »… dans le sens que « c’est le Président de République qui a impulsé clairement ce plan. » On laisse les principaux témoins apprécier. 

L’entre-deux tours, un tournant pour le couple

Selon Bruno Gilles, le « tournant » des relations entre Emmanuel Macron et Benoît Payan date bien avant la participation du maire de Marseille aux manifestations contre la réforme des retraites. « Dans l’entre-deux tours, en avril 2022, lorsque le candidat Macron vient pour son meeting à Marseille, Benoît Payan ne fait, même pas en off, un accueil républicain, cela a marqué le président, assure-t-il. Je ne dis pas qu’il fallait la fanfare, mais le Pharo est assez grand tout de même pour trouver un coin de canapé et offrir un café, notamment le bureau de Samia Ghali, la première adjointe, qui a la plus belle vue sur Marseille… Gaudin a reçu plein de ministres de gauche, sans que personne ne le sache ! »

Toujours est-il que Benoît Payan a face à lui désormais une opposition ragaillardie. Qui négocie des séquences présidentielles sur ses terres, comme celle sur les copropriétés dégradées qui aura lieu non dans les quartiers nord, mais dans la circonscription de Lionel Royer-Perreaut. Qui glisse à l’oreille du président de rencontrer Nicolas Pagnol, le petit-fils de l’écrivain provençal « anéanti » par son éviction du «Château de ma mère ». Qui n’hésite pas à porter les coups et à rappeler « la fragilité » de la majorité municipale, avec notamment la récente démission de l’adjointe à l’urbanisme Mathilde Chaboche. Qui n’entend pas, non plus, se laisser déposséder du bilan du plan de Marseille en grand, à l’image d’un Emmanuel Macron concevant Marseille comme une terre laboratoire. Et si, au fond, la valse des sentiments entre les deux inspirateurs de ce plan ne disait pas autre chose : l’impossibilité de faire à eux deux, seuls, sans autres paramètres que leur couple. Une autre déclinaison en quelque sorte du « ni avec toi, ni sans toi ».

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