Après plus de 1500 jours de règne, Alexander Volkanovski défend sa couronne des -66 kilos pour la sixième fois ce week-end en Californie face au talentueux et ambitieux Ilia Topuria (à suivre en direct à partir de 2h dans la nuit de samedi à dimanche sur RMC Sport 2). A 35 ans, l’Australien réaliserait une première historique s’il conservait sa ceinture dans le combat principal de l’UFC 298. Et s’inscrirait un peu plus dans le débat sur le plus grand poids plume de l’histoire de la grande organisation de MMA.
La casquette rétro, les vieilles lunettes posées sur le nez, le cardigan à l’ancienne, la démarche brinquebalante, la voix tremblotante. Quand Alexander Volkanovski rentre dans un personnage, il ne fait pas les choses à moitié. Ces derniers jours, le champion des -66 kilos de l’UFC campe celui d’une personne âgée.
Il l’a d’abord fait dans une vidéo concoctée par son équipe avant d’arriver grimé de la sorte en conférence de presse et de faire semblant de s’endormir lors d’une tirade de son adversaire au micro. L’idée? « The Great » répondait avec humour au message martelé par son challenger du moment, « El Matador » Ilia Topuria, avant leur choc pour la ceinture des plumes ce week-end à Anaheim (Californie) dans le combat principal de l’UFC 298.
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Le combattant hispano-géorgien s’amuse à expliquer que le champion a passé sa date de péremption, qu’il va faire chuter ce vieux roi et faire monter sur le trône « la nouvelle génération » qu’il représente à 27 ans. L’histoire joue même en sa faveur. Chez les hommes, jamais personne n’a gagné ou défendu une ceinture UFC au-delà de 35 ans dans les catégories entre mouches (-57 kilos) et légers (-70). Et Volkanovski a soufflé ses 35 bougies… en septembre dernier.
Pour sa sixième défense de titre, l’ancien rugbyman va devoir signer une première pour garder sa couronne. Mais la chose semble le motiver un peu plus, surtout face à l’arrogance d’un Topuria qui se voit déjà champion et l’annonce partout.
« Je me sens toujours bien, explique-t-il à ESPN. Je vais donner une leçon à ce gars. Beaucoup de gens se demandent si je suis fini. Après ce combat, je vous garantis qu’ils diront juste que j’ai tout nettoyé chez les plumes. » Topuria veut instaurer une ambiance de fin de règne. Pas l’idée de la maison, loin de là. Volkanovski veut rester « actif ».
Avant même l’UFC 298, il a déjà évoqué l’idée de participer à l’UFC 300 mi-avril et de combattre en Australie plus tard dans l’année. Il vise encore le titre dans la catégorie supérieure, les légers, même s’il sait que ses deux défaites face au champion Islam Makhachev en 2023 ont rendu le chemin vers ce doublé beaucoup plus tortueux.
Il a aussi un autre rendez-vous avec l’histoire. En battant Topuria, Volkanovski commencerait à faire tomber une nouvelle génération de challengers, à l’image de Georges St-Pierre ou Jon Jones à leur époque. Parfait pour équilibrer un peu plus le débat sur le plus grand poids plume de l’histoire de l’UFC qui le met en concurrence avec la légende brésilienne José Aldo (certains voteraient aussi Max Holloway).
Sacré en décembre 2019 après sa première victoire sur Holloway, qui suivait un succès sur Aldo, Volkanovski affichera un règne de 1527 jours à l’heure de monter dans la cage avec Topuria. Encore à distance des 1848 jours pour Aldo, qui compte également sept défenses de titre quand l’Australien en afficherait alors six.
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Mais avoir su répondre aux défis de la nouvelle génération renforcerait forcément les arguments en sa faveur. Reste à savoir s’il aborde ce défi dans les meilleures conditions. Après avoir accepté le défi quelques jours avant l’événement pour remplacer un Charles Oliveira forfait, Volkanovski s’est fait mettre KO par Makhachev sur un violent coup de pied à la tête en octobre dernier. Le champion des plumes tentait d’arracher la ceinture des légers au Daghestanais pour la deuxième fois de l’année 2023. Nouveau revers – le premier était sur décision unanime en février – et surtout premier KO subi en plus de dix ans.
Avec, derrière, un discours qui avait de quoi inquiéter, Volkanovski avouant qu’il déprimait quand il ne combattait pas, raison pour laquelle il avait accepté de reprendre Makhachev sur un timing aussi serré. Depuis, le nom du Daghestanais revient dans sa bouche dès qu’il se retrouve derrière un micro ou une caméra. Presque en boucle.
S’est-il bien remis de cet épisode? Peut-il avoir une influence sur sa performance contre Topuria? Quand on connaît l’intelligence du garçon et la qualité de son entourage, on se dit qu’il ne faut pas trop s’inquiéter. Mais le monde du combat en a vu d’autres… Son cercle tient à rappeler une chose. N’enterrez surtout pas trop vite sa carrière, même à 35 ans.
« J’ai des exercices qu’on fait chaque semaine à l’entraînement, détaille son coach Joe Lopez, et quand il ne fera plus les temps attendus, je devrai lui dire qu’il est peut-être temps de raccrocher les gants. Mais il les fait toujours. Son corps est encore là, son mental est encore là, on va continuer d’avancer. Il nous reste peut-être deux années, je ne pense pas qu’on voudra continuer beaucoup plus longtemps. Mon but en tant que coach, mais aussi ami, était d’assurer son avenir pour toute sa vie, pour qu’il n’ait plus à combattre avant. Il a une famille superbe et je veux le meilleur pour lui dans le futur proche pour qu’il ne soit pas un de ces gars obligés de reprendre le combat car ils n’ont pas assez mis de côté. »
« Je suis à mon prime, estime l’intéressé, et je n’ai pas envie de gâcher ce temps. Mettez-moi dans l’octogone, laissez-moi faire mon argent et construire mon héritage jusqu’à la fin. Aujourd’hui, c’est tout ce qui compte: ma famille et combattre. On changera tout ça après. » Les mots de Volkanovski rassurent. Il ne sera pas dépendant à la cage au point de ne pas savoir la quitter. Il a un plan pour la suite.
Mais pas question qu’elle ait lieu tout de suite. Topuria ne sera pas celui qui l’enverra de l’autre côté. « Je vais envoyer un message en remettant Ilia à sa place. Gagner ne suffit pas. Je veux l’embarrasser. Lui donner une leçon. Si je le mets KO trop vite, il dira que je l’ai juste attrapé une fois. Je vais plutôt te montrer que je suis plusieurs niveaux au-dessus de toi et qu’il te reste beaucoup de travail à faire. Ensuite, je te terminerai. » Papy fait de la résistance. Alex Volkanovski compte bien le rappeler au jeune ambitieux.
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