Au Théâtre 13, à Paris, Hugues Duchêne et Maxime Pambet revisitent l’histoire de France, de 1774 à 1789


Maxime Pambet dans « L’Abolition des privilèges », spectacle mis en scène par Hugues Duchêne, au Théâtre 13 (Bibliothèque), à Paris, le 20 mars 2024. Maxime Pambet dans « L’Abolition des privilèges », spectacle mis en scène par Hugues Duchêne, au Théâtre 13 (Bibliothèque), à Paris, le 20 mars 2024.

Avant que ne débute L’Abolition des privilèges, spectacle jubilatoire mis en scène par Hugues Duchêne au Théâtre 13, à Paris, l’artiste remplit de mousseux les coupes de certains spectateurs. Toujours les mêmes. Les bulles coulent à flots, leur ruissellement est continu. Ruissellement. Un drôle de mot qui abrite aujourd’hui un concept économique selon lequel il ne faut pas trop taxer les riches au motif que leur richesse profite aussi au reste de la société. Ce concept s’inscrit à l’opposé des résolutions prises, la nuit du 4 août 1789, par les députés de l’Assemblée nationale réunis à Versailles. Face à une France qui crie famine et après des heures de discussions enflammées, le clergé, la noblesse et le tiers état adoptent un principe révolutionnaire : l’universalité de l’impôt. C’est ce rappel historique qu’opère, entre autres, cette épatante représentation.

Lire l’entretien avec Bertrand Guillot et Laurine Roux (en 2022) : Article réservé à nos abonnés Quand l’imagination joue avec l’histoire

Après avoir traqué les aléas de la politique contemporaine en déployant une fresque mi-fictive mi-documentaire de six heures sur la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron (Je m’en vais mais l’Etat demeure), Hugues Duchêne explore cette fois l’histoire de France, revue et réécrite par Bertrand Guillot, auteur du roman L’Abolition des privilèges (Les Avrils, 2022).

Dans un dispositif quadri frontal, plaçant la scène au centre des regards, l’artiste adapte les deux premières parties du livre. Soit la nuit du 4 août 1789 qui voit les privilèges (des provinces, des villes ou des corporations) démantelés les uns après les autres. Puis les quinze années qui ont précédé cette nuit mémorable jusqu’à accoucher de sa tenue et provoquer son contenu.

Trou normand dramaturgique

Entre ces deux temporalités, la première s’attardant sur le décompte minuté des discours, la seconde déroulant en accéléré, et parfois même en abrégé, les événements marquants de 1774 à 1789, Hugues Duchêne impose une rupture géniale que personne ne voit arriver. Une sorte de trou normand dramaturgique au cours duquel il rejoint le comédien (Maxime Pambet) sur le plateau pour glisser un peu de sa vie à lui dans le récit historique et immiscer des sujets du XXIe siècle (féminisme, patriarcat ou wokisme) au cœur des préoccupations du XVIIIe siècle.

Cette irruption hilarante (on y apprend comment Hugues Duchêne se « contracepte ») est surtout l’occasion de comprendre à quel point l’histoire brasse encore et toujours les mêmes rapports dominant-dominé, à cette différence près (mais qui n’est pas anecdotique) que velléités d’oppression et désirs d’émancipation se déplacent au fil des siècles.

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