Avec le temps, va, tout s’en va

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Dans une entrevue avec le chef d’antenne du bulletin Noovo Info 22, Michel Bherer, le premier ministre Justin Trudeau a réaffirmé jeudi dernier qu’il n’y a aucun doute à avoir sur son avenir politique. Sa réflexion est faite ; il maintient qu’il tentera de briguer un quatrième mandat à la tête du pays.

Cet entretien coïncidait avec un premier tapis blanc de neige, dont la vue offrait un clin d’oeil en forme de rappel historique. Son père, Pierre Elliott Trudeau, avait annoncé son départ de la politique après une longue marche dans la neige, en février 1984.

Une question se pose : il faudrait savoir si cette volonté de Justin Trudeau de demeurer en poste — et ainsi tenter d’égaler le record de quatre mandats consécutifs détenu par Wilfrid Laurier — est également partagée par son caucus et les militants libéraux.

Techniquement, les militants libéraux n’ont pas de mécanisme pour éjecter leur chef. Comme Justin Trudeau a été reconduit au pouvoir en 2019 et en 2021, il n’a pas eu à se soumettre à un vote de confiance depuis son élection comme chef du Parti libéral du Canada, en avril 2013.

Les députés libéraux ne se sont pas non plus octroyé de pouvoir pour le faire. Ils n’ont pas adopté les mesures prévues dans la loi de 2014 instituant des réformes du député conservateur Michael Chong ayant pour but de renforcer les institutions démocratiques du Canada en rétablissant le rôle des députés.

Selon cette loi, après chaque élection, lors de la première réunion du caucus des députés, chaque groupe parlementaire a le choix de s’octroyer (ou pas) le pouvoir de soumettre son chef à un vote de confiance. Pour ce faire, il faut qu’au moins 20 % des députés du groupe signent un avis écrit. L’objectif est d’équilibrer le rapport de force entre les députés et le chef, ce qui inclut le choix d’expulser un membre du caucus.

C’est en vertu de ces pouvoirs qu’Erin O’Toole a été éjecté de son poste de chef du Parti conservateur du Canada, le 2 février 2022, après avoir perdu un vote de confiance des députés sur son leadership. C’était la première fois que les pouvoirs de cette loi étaient utilisés, et ce, avant l’organisation d’un congrès avec les militants, une étape obligée pour un chef n’ayant pas été porté au pouvoir.

Si on regarde les derniers sondages et les prédictions de l’analyste Philippe J. Fournier de 338Canada, les libéraux conserveraient en moyenne 83 députés, sur 158 députés actuellement. C’est donc une perte potentielle de 75 députés, soit 47 % du caucus libéral qui voit ainsi son destin électoral mis à risque. Le meilleur scénario prévoit 114 députés libéraux, ce qui représente toute de même une perte de 28 % du caucus actuel. En théorie, on franchirait donc la barre des 20 % du caucus libéral susceptible de vouloir discuter de l’avenir de Justin Trudeau à la tête du pays et de leur (mauvaise) fortune électorale.

Il n’y a donc aucun autre moyen que de faire des pressions pour une possible révolution de palais en vue de pousser Justin Trudeau à tirer sa révérence avant la prochaine élection. À l’heure actuelle, on ne recense qu’une missive rédigée par le sénateur Percy Downe, l’ancien chef de cabinet de Jean Chrétien, qui appelle ouvertement à son départ. Son appel n’a pas été relayé par d’autres membres influents du parti. Un successeur potentiel, Mark Carney, a pour sa part envoyé le signal de sa disponibilité.

Miser sur le temps

« C’est vraiment tough, mais l’inflation est en train de baisser, les taux d’intérêt vont recommencer à baisser […], mais c’est poche au présent. » Par ces propos, Justin Trudeau nous dévoile un pan de sa stratégie : miser sur le temps en espérant que la situation économique s’améliorera avant l’échéance électorale d’octobre 2025.

On espère donc, dans le camp libéral, que l’insatisfaction des Canadiens, qui souffrent de la hausse du coût de la vie, s’estompera avec une hypothétique embellie économique avant qu’ils ne retournent exprimer leurs préférences aux urnes.

Dans sa chanson, Léo Ferré dit qu’« avec le temps, va, tout s’en va ». Il est paradoxal de miser sur le temps pour que la tendance se renverse et que l’écart entre les libéraux et les conservateurs s’atténue. En effet, c’est en grande partie l’usure du pouvoir, et donc l’oeuvre du temps, qui fait le plus mal aux libéraux après huit années au pouvoir. Le désir de changement sera-t-il moins grand dans un peu moins de deux ans, après dix années au pouvoir ? En théorie, non.

Certes, beaucoup de choses peuvent arriver d’ici octobre 2025. La situation économique peut s’améliorer, ou pas. Les conservateurs peuvent trébucher. Le contexte géopolitique est incertain étant donné les différents conflits qui ont cours sur la planète. La politique américaine, toujours pleine de surprises, a aussi son influence au pays.

Et si embellie économique il y a, cela n’effacera pas certains indicateurs et des pans du bilan économique des libéraux, comme le doublement de la dette et dix ans de déficits de venir les hanter. Dans sa mise à jour économique au Québec, le ministre Girard a réduit ses prédictions de croissance. Ce sera au tour de la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, de nous éclairer le 21 novembre prochain sur l’état de l’économie canadienne. De quoi donner à réfléchir aux militants libéraux.

Justin Trudeau a également mentionné dans cet entretien à Noovo que la prochaine élection annonce un choix existentiel. Les électeurs devront en considérer toutes les conséquences s’il n’est pas reporté au pouvoir. C’est sur cet élément que la stratégie des libéraux pour se maintenir au pouvoir réside.

Pierre Poilievre met en valeur le fait que tout est brisé sous Justin Trudeau. Justin Trudeau réplique que tout va être détruit si Pierre Poilievre le remplace. Cette rhétorique sur le thème de l’effondrement et de la préservation sera au centre du discours et de la rhétorique politique. Les libéraux ont déjà lancé une campagne de publicité associant Donald Trump et Pierre Poilievre.

Entre-temps, on va suivre les indicateurs économiques avec attention. Parce que comme disait un conseiller de Bill Clinton : « It’s the economy, stupid. »

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