Dans le cadre des Journées du patrimoine, on revient sur les dix premiers monuments historiques de la région désignés au XIXe siècle

L’idée de s’intéresser aux monuments historiques est relativement récente. Au XIXe siècle, encore, les gens n’hésitaient pas s’emparer des pierres de l’amphithéâtre romain de Fréjus pour construire leurs propres maisons ou celles du Trophée romain de la Turbie pour édifier l’église du village !

À la Révolution, les « biens nationaux » pris au clergé ou aux aristocrates ont été livrés au pillage populaire. L’abbé Grégoire s’en émut et, dans un rapport présenté à la Convention Nationale le 31 août 1794, créa la notion de « vandalisme ».

Cet abbé Grégoire est bien connu dans notre région car c’est lui qui fut chargé de créer en 1793 le quatre-vingt-cinquième département français, les Alpes-Maritimes (comprenant Monaco), à la suite de la conquête du comté de Nice par les troupes révolutionnaires françaises.

En 1790, un certain Aubin Millin parla pour la première fois de « monument historique » dans un rapport déposé à l’Assemblée Constituante à l’occasion de la démolition de la Bastille. Sous l’impulsion de Talleyrand, ladite Assemblée Constituante adopta le 13 octobre 1790 un décret créant une commission chargée d’étudier « le sort des monuments, des arts et des sciences ».

En 1810, sous Louis-Philippe, le ministre de l’Intérieur François Guizot créa un poste d’inspecteur des Monuments historiques. Celui-ci reviendra en 1834 à un personnage qui a beaucoup compté dans notre région, Prosper Mérimée, lequel a vécu et est mort à Cannes et s’est beaucoup intéressé aux monuments de chez nous.

La première liste des « Monuments historiques » français fut publiée en 1840. Sur 1082 monuments, quatre appartenaient à notre région : l’amphithéâtre romain de Fréjus, l’église Saint-Louis d’Hyères, l’abbaye du Thoronet, et l’abbaye de Lérins.

À l’occasion des Journées du patrimoine, nous publions la liste des dix premiers monuments historiques de notre région désignés dans les premières listes publiées en 1840, 1862, 1865, 1886. Certains choix peuvent étonner. Mais telle était la vision des inspecteurs de l’époque !

1. L’amphithéâtre romain de Fréjus

Figure sur la première liste des Monuments historiques de 1840. Installé au milieu des pins maritimes dans sa majesté séculaire, ce monument aux ruines géantes a impressionné tous les voyageurs du XIXe siècle, dont Victor Hugo. Construit au Ier siècle, quand la ville s’appelait Forum Julii, il pouvait accueillir douze mille spectateurs. Dans l’Antiquité, des combats étaient organisés avec des gladiateurs ou des bêtes sauvages, lesquelles étaient amenées d’Afrique. L’intervention de Prosper Mérimée a été déterminante pour le classement de l’amphithéâtre dans la première liste de 1840. Ont été ajoutés, par la suite, sur la liste de 1886, l’aqueduc, la Porte dorée, les thermes ainsi que les remparts.

2. L’église Saint-Louis à Hyères

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L’église Saint-Louis à Hyères (DR).

Inscrite sur la première liste des Monuments historiques de 1840.
Avec son style roman et sa façade à trois portes surmontée d’une rosace, l’église Saint-Louis d’Hyères est l’ancienne église du couvent des Cordeliers (autre nom donné aux Franciscains). Elle a traversé les siècles pour nous rappeler que c’est à Hyères que Saint-Louis accosta au retour de la Septième croisade. Événement considérable dans l’histoire de France !

3. L’abbaye du Thoronet

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L’abbaye du Thoronet Photo V.M. .

Inscrite sur la première liste des Monuments historiques de 1840.
Ce bâtiment empreint de sérénité qui se cache au milieu des chênes et où on aime écouter des concerts de chant grégorien est le témoignage d’une abbaye qui a été fondée au XIIe siècle. Les moines y arrivèrent en 1146.

L’abbaye du Thoronet est une des « trois sœurs provençales », les deux autres étant Sénanque dans le Vaucluse et Silvacane dans les Bouches-du-Rhône. On est autant ému par la vision du clocher datant du XIIe siècle, qui culmine à trente mètres, que par ses murs nus, à l’intérieur, correspondant à ce que le Corbusier appela une « architecture de vérité ».

4. L’abbaye de Lérins

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L’abbaye de Lérins (Carte postale ancienne).

Inscrite sur la première liste des Monuments historiques de 1840.

Dressé comme un vigile sur une pointe sud de l’île Saint Honorat, le premier bâtiment fortifié de l’abbaye de Lérins, dont trois murs ont les pieds dans la mer, sont les témoins du monastère fondé par Honorat qui, en son temps, rayonna sur toute l’Europe. Une foule de saints sont passés en ces lieux. Les bâtiments actuels ont été achevés au XIXe siècle.

5. La cathédrale Saint Léonce à Fréjus

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La cathédrale Saint Léonce à Fréjus (DR).

Inscrite sur la liste des Monuments historiques de 1862. La cathédrale de Fréjus a été édifiée en hommage à Saint Léonce, qui fut le premier évêque de Fréjus. Ce bâtiment, à l’origine médiéval, surmonté d’un clocher datant du XIIIe siècle, recèle un baptistère paléo-chrétien du Ve siècle qui est l’un des baptistères les plus anciens de France. Son cloître à étages, avec charpente en bois du XIVe siècle, présente une multitude de petits panneaux peints par des peintres itinérants.

6. Le château d’Hyères

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Le Château d’Hyères (DR).

Inscrit sur la liste des Monuments historiques de 1862.
Le château médiéval d’Hyères est en ruine. Il se situe au sommet de la colline du Castéou qui domine la ville.

La première mention du château, qui fut construit au milieu du XIe siècle par Pons de Fos, date de 1062. Les seigneurs de Fos reçurent le territoire de Hyères de la part du comte Guillaume de Provence en récompense pour avoir participé en 972 à l’expulsion des Sarrasins qui occupaient la Provence orientale.

7. L’église du Vieux Cannet

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L’église du Vieux Cannet (DR).

Inscrite sur la liste des Monuments historiques de 1862.
La petite église romane du Vieux Cannet, datant du XIe siècle, restaurée au XVIIe, se trouve au cœur du village médiéval qui est situé sur un piton rocheux dominant la plaine des Maures.

Sa nef aveugle, ne possédant pas de transept mais deux petites chapelles latérales, mesure 16 mètres de longueur et 8 mètres de largeur. Le clocher datant du début du XIIe siècle est surmonté d’un campanile en fer forgé offert par les paroissiens et le marquis de Colbert en 1746.

8. Le trophée d’Auguste à la Turbie

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Le trophée d’Auguste à La Turbie (Carte postale ancienne).

Inscrit sur la liste des Monuments historiques de 1865. On aperçoit de loin ses colonnes et son bout de fronton de marbre blanc lorsqu’on suit la Grande Corniche en allant de Nice à Monaco.

Le Trophée des Alpes ou Trophée d’Auguste qui, à l’origine, avait la forme d’un temple circulaire, date des VIIe et VIe siècles avant J.C. Il a été construit en l’honneur de l’empereur romain Auguste au point haut de la via Julia Augusta pour célébrer sa victoire sur les tribus autochtones qui contrôlaient et empêchaient les passages alpins.

9. Les colonnes romaines de Vence

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Les colonnes romaines de Vence (DR).

Inscrites sur la liste des Monuments historiques de 1886. Ces colonnes témoignent, elles aussi, de l’époque romaine de notre région. Elles ont été élevées, à l’origine, pour attirer les faveurs du dieu de la guerre, Mars.

Elles ont été offertes en 230 à Vence par la Ville de Marseille en gage de bonnes relations. Elles ont été ensuite utilisées pour soutenir le chœur de la cathédrale. Puis toutes deux ont été déplacées : l’une a été installée sur la place Godeau lorsque le nouveau cimetière a été construit en 1780 et l’autre s’est retrouvée sur l’actuelle place du Grand Jardin.

10. L’abbaye de la Celle

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L’abbaye de la Celle (DR).

Inscrite sur la liste des Monuments historiques de 1886. L’abbaye de La Celle est un ensemble architectural roman datant du XIe siècle, époque où les moines de l’abbaye Saint-Victor de Marseille reçurent ce territoire en donation. Le monastère accueillait les hommes dans des bâtiments du côté de l’église Sainte-Perpétue et les femmes moniales du côté de l’église Sainte-Marie.

Au XIIIe siècle, le prieuré avait une grande réputation, accueillant les filles de bonne famille, dont la plus célèbre fut la comtesse de Provence Gersende de Sabran, mère de Raimond Béranger. Elle prit le voile une fois veuve, en 1225. Transformé en exploitation agricole à la Révolution, le bâtiment est devenu aujourd’hui une hostellerie de luxe, qui a accueilli à trois reprises le Général de Gaulle et où l’on entend de la grande musique en été.

Deux menhirs classés

Parmi les inscrits aux Monuments historiques au XIXe siècle, au-delà du classement des dix premiers, figurent deux menhirs dans notre région.
Le Var recèle en effet une cinquantaine de dolmens et une vingtaine de menhirs. Les deux qui ont été classés sont le menhir de Champduy à Cabasse et le dolmen de la Pierre de la Fée à Draguignan.
Le menhir de Champduy, appelé aussi Peïro Plantado ou Pierre plantée mesure 2,25 mètres de hauteur pour un diamètre de 0,50 mètre à la base.
La pierre de la Fée présente une table de couverture monumentale de 6 mètres de long, 4,70 mètres de large et 58 centimètres d’épaisseur. Il pèse aux environs de 60 tonnes. Selon la légende, les femmes qui ne pouvaient pas avoir d’enfant allaient solliciter en ce lieu la fée Esterelle, qui les aidait à être enceintes. On ne sait si le sortilège fonctionne toujours…

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