On a lu « Sur le pouce », un raccourci de l’histoire de l’humanité… sur le bout des doigts

Non, le nouvel essai de Mathieu Vidard, a contrario de son titre, ne se lit pas « Sur le pouce » ! Il convie à agiter ses méninges, en quelque sorte : se fouler les pouces et non pas les laisser à la ceinture. Pour autant, sa lecture se veut joyeuse, instructive et en premier lieu anthropologique. Car l’évolution de notre « pollex » est liée à celle de l’homme…

Non, le nouvel essai de Mathieu Vidard, a contrario de son titre, ne se lit pas « Sur le pouce » ! Il convie à agiter ses méninges, en quelque sorte : se fouler les pouces et non pas les laisser à la ceinture. Pour autant, sa lecture se veut joyeuse, instructive et en premier lieu anthropologique. Car l’évolution de notre « pollex » est liée à celle de l’homme. D’où cette épigraphe sur la couverture du livre : « Un petit doigt pour la main, un pas de géant pour l’humanité. »

Le premier passage de nos ancêtres à la position debout – il y a environ 45 millions d’années –, entraîne un changement pour la main et plus encore pour le pouce opposable aux autres doigts. Il forme une pince avec l’index permettant de saisir des objets, tout en laissant libres les autres. Si le pouce s’est développé, le gros orteil opposable a disparu, facilitant la marche.

Pouce, pied, yard

Qui dit marche dit pas. Qui dit pas, dit pied et donc gros orteil. Là aussi, il faut prendre la juste mesure, ancienne, soit 2,7 cm comme unité de longueur. Cette dernière prévaut dans certains pays anglo-saxons. Certes ramené aujourd’hui à 2,54 cm, l’usage référentiel du pouce (inch) est commun de par le monde pour exprimer la taille des ordinateurs et autres smartphones. Et de rappeler que 12 pouces valent un pied et trois pieds valent un yard.

Unique doigt composé de seulement deux phalanges, le pouce, dans le cadre d’une anomalie génétique, peut avoir un « frère », partiel ou complet. Un homme (ou femme) sur 3 000 aurait six doigts. C’était le cas d’Uderzo, le dessinateur d’Astérix, pour ses deux mains. Un nourrisson sur 100 000 naît sans pouce. À méditer, car lorsque l’on connaît son rôle pour le bébé, certes une fois sorti du ventre de sa mère, mais aussi en milieu intra-utérin.

De la succion au SMS

« La succion est un comportement qui témoigne du développement neurologique du fœtus », relève Mathieu Vidard. S’il n’existe aucun chiffre, il est assuré que nombre d’adultes continuent de sucer leur pouce, évacuant stress, anxiété ou se remémorant des souvenirs réconfortants. De quoi faire le bonheur des orthodontistes !

Ce doigt pas comme les autres connaît aussi ses propres maladies : arthrose, rhizarthrose, tendinite de Quervain, sans compter les panaris, entorse, fracture, hypoplasie et brachydactylie (malformation), et la « Nintendonite », c’est son nom, le mal des gamers. Les smartphones n’ont rien arrangé à l’affaire, pour les générations Y et Z, appelées Petite Poucette par le philosophe agenais Michel Serres.

De ce danger, les générations X et baby-boomer sont mises à l’index… Doigt d’ailleurs qu’elles utilisent pour envoyer leurs textos ou SMS.

Quelques chiffres : les 10-19 ans peuvent frapper 39,6 mots par minute sur le clavier de leur portable, 32 pour les trentenaires, 26 pour les quinquagénaires. Les vieux passent par le 06, et les centenaires par le 22 à Asnières. Bon, comme tout à une fin, en l’occurrence il faut savoir dire « Pouce ! ».

« Sur le pouce » de Mathieu Vidard, essai, éd. Grasset, 304 p., 20 €, ebook, 14,99 €.