Rappel des points saillants de l‘interview du général Tiani : Qu’est ce qui reste de son engagement pris face aux nigériens

, Rappel des points saillants de l‘interview du général Tiani : Qu’est ce qui reste de son engagement pris face aux nigériensLe Général Tiani, qui préside depuis trois mois aux destinées du Niger, soutenu par l’ensemble de l’armée nationale et du peuple, à l’exception de quelques renégats et apatrides qui ont fait le choix de leur égo et de l’ennemi, s’était adressé aux Nigériens, vous vous rappelez sans doute , en offrant à la télévision nationale, la RTN, une interview exclusive par laquelle il a communiqué sur des questions d’intérêt national et, ce, à un moment où les saboteurs tentent de le discréditer et de faire douter de sa sincérité dans l’action qu’il mène à la tête du pays. Ceux-là qui ont trahi la patrie répondront devant l’Histoire. Tiani n’est donc pas de ces hommes bavards. Il est resté discret comme beaucoup d’officiers nigériens qui ne veulent pas se mêler de la chose politique, se limitant à leur rôle de soldats au service exclusif de la patrie.

Mais, ses nouveaux rôles l’ont obligé à sortir de cette zone de confort pour communiquer car, pour gouverner un Etat, la parole politique joue un rôle éminemment important. C’est sur un ton rassurant, posé, serein qu’il s’était livré aux journalistes pour parler de la marche du pays. Pour atteindre le plus grand nombre, il avait choisi de s’exprimer dans deux langues du pays, le Zarma et le Haoussa, toutes choses que ne peuvent pas certains hommes politiques. Peutêtre aussi, ainsi que peuvent le dire certains blogueurs, il s’agit pour le Président Tiani de montrer à Emmanuel Macron que nous avons une langue, sinon des langues pour nous faire entendre et que le Français, contrairement à ce qu’il pense, ne peut être vital pour le Niger. Encore que les peuples, comme le fit le Rwanda, ont la possibilité de faire d’autres choix de langue, notamment de l’anglais qui reste aujourd’hui la langue du monde avec laquelle, même dans des universités françaises, on communique mieux et plus, et donne certains enseignements. Qu’il reste donc tranquille, le français est désormais un patrimoine commun qui est sorti de son île d’où l’isolait la France pour être, aujourd’hui, un instrument de communication que de nouveaux locuteurs ont métissé pour le sortir de son purisme et de son primitivisme premier. Notre rapport à la langue française ne nous aliène pas à la France mais marque une histoire que nous avons avec la France et qui nous oblige aujourd’hui à prendre des distances avec elle. En donnant sa langue, la France nous donnait, sans s’en rendre compte, l’instrument de notre libération, car celle-ci nous permet d’assaillir sa conscience, de la persécuter. On comprend l’agacement d’Emmanuel Macron, surtout quand lui parlent désormais ces Nègres responsables et décomplexés du Mali, du Niger, du Burkina Faso…

Dans son entretien, le Général Abdourhamane Tiani, donnait d’abord les raisons qui ont motivé le coup d’Etat. Il a fait comprendre, contrairement à ce que peuvent dire certains esprits malveillants, que ce coup n’a rien à voir avec l’ancien président que certaines sources prétendent être à la manoeuvre. Si Issoufou l’aurait souhaité de toute son âme pour des raisons personnelles qui ne sont pas celles de l’Etat, il oubliait que les militaires ne le faisaient que pour des raisons plus graves et nobles, s’offusquant des caprices de princes qui ont cru qu’ils pouvaient tout se permettre avec le pays pour se jouer de la vie de millions de Nigériens pour leurs égoïsmes et leurs intérêts mesquins, sous leurs yeux et leurs fusils.

Trop c’est trop…

Pour le Président du CNSP, également Président du Niger – n’en déplaise à Emmanuel Macron – la raison fondamentale qui justifie le réglage du 26 juillet 2023 est la situation sécuritaire préoccupante du pays qui se dégrade de jour en jour et qui ne peut donner d’autres choix à des militaires qui meurent tous les jours, que de prendre leurs responsabilités en main devant l’Histoire. Comment peut-on croire que des autorités politiques, sur des questions sur lesquelles elles n’ont aucune expertise, ne puissent pas écouter ceux qui en ont l’expertise, les militaires en l’occurrence, pour continuer à gérer la question sécuritaire à leur tête alors même que ce sont les soldats qui vont au front et que ce sont eux qui meurent en première ligne ? Une telle situation ne pouvait pas continuer car il fallait éviter que le pays ne se désagrège, et donc « sauver la patrie » en danger.

La deuxième raison est le seuil atteint, dans l’impunité totale, par la corruption, l’enrichissement illicite, les détournements et les vols. Peuton aussi continuer à regarder faire alors qu’au même moment, pour assurer la survie de l’Etat spolié, il fallait, de manière inconsidérée, continuer à endetter le pays ? Ce n’est pas responsable. Le Niger n’est pas une caverne d’Ali Baba où quarante voleurs – ici davantage – peuvent se permettre de jouer aux pilleurs et aux voleurs pour s’enrichir pendant que l’Etat s’appauvrit et que les masses laborieuses se précarisent dans les villes et dans les campagnes.

Faisant le procès de l’ancien système, le Général Tiani, même dans son ton calme, était resté sévère à l’endroit de l’ancien régime à travers un réquisitoire qui dresse l’immensité des dérives de sa gouvernance dont il fustige les pratiques et les moeurs peu défendables. Il s’en indigne, ne pouvant pas comprendre que ses acteurs puissent« [voler] comme s’il n’y a pas de pouvoir » pour préserver les deniers publics de la prédation d’hommes et de femmes pour qui, dans la gouvernance de l’Etat, ne comptent que les privilèges, ce que l’on peut, en un temps record, amasser pour son confort personnel. Comment, dans cette crise morale qui s’empare de notre société, ne pas se rappeler ce temps où les Nigériens avaient peur de toucher aux biens publics et aux deniers publics tant ils avaient le sens de la rigueur et de la responsabilité, du patriotisme et du sacrifice ? Depuis quelques années, la fortune du pays était devenue presque l’héritage des dirigeants et de leurs supplétifs qui pillent et volent. Cette situation ne pouvait pas perdurer et il fallait arrêter la dérive pour éviter au pays de sombrer, économiquement certes mais aussi et surtout d’un point de vue des valeurs morales que le système précédent a détruites pour ne faire que la promotion de contre-valeurs, de la médiocrité, du favoritisme et du clientélisme dans un pays où tout se monnaie jusqu’à la dignité des hommes qui deviennent des objets de commerce dans les jeux politiques. A la bourse qu’instituaient les Renaissants, il y avait le prix des « gros ruminants » et des « petits ruminants ». Quand les enchères montaient, les Albadé, Seini Oumarou étaient côtés en bourse. La traite avait poussé beaucoup d’autres à partir en aventure sans avoir les chances des premiers arrivants des migrants au Guriland. Les Nigériens n’ont rien oublié de ces rabaissements de la démocratie et de l’humain. Il fallait donc balayer un tel système porteur de germes qui peuvent, à terme, conduire à des explosions sociales dommageables pour la survie de l’Etat. Tiani a, par ailleurs, touché à des questions de partenariats remis en cause.

La France et nous…

Comme il fallait s’y attendre, le Chef de l’Etat, dans son interview, ne pouvait pas ne pas parler de notre relation à la France avec laquelle, par ses ingérences outrageantes et son paternalisme inadmissible, le Niger est allé au divorce, à la rupture totale avec des accords militaires qui ont été dénoncés et qui obligent la France à retirer ses troupes du Niger. Minimisant les représailles de la France qui refuse que les acteurs culturels et les étudiants nigériens puissent désormais aller en France comme si elle leur fermait des portes du paradis, le Général Tiani dira simplement que la France doit comprendre qu’elle n’est pas le seul pays au monde avec lequel le Niger peut commercer et, où, il est possible d’aller apprendre. Le Niger reste en relation avec bien d’autres pays et ses enfants, tant dans le cadre d’échanges culturels que dans le cadre d’études, iront ailleurs. Les Nigériens, du reste, dans de tels domaines, ne vont pas qu’en France : ils sont partout dans le monde. Cette décision coléreuse et infantile ne vient que légitimer le choix des pays du Sahel de se séparer d’une France qui ne grandit pas pour marcher avec d’autres peuples et d’autres pays qui méritent mieux leur amitié. Que cette France fâchée reste chez elle, nous resterons chez nous, mais elle ne peut nous empêcher d’aller chez d’autres à travers le monde, tant pis qu’ils s’appellent la Russie, la Chine, la Turquie, l’Iran, l’Amérique, Cuba, etc.

Cet entretien, dans un contexte fait de doutes et de suspicions, de fausses informations à dessein distillées par certains milieux bien connus des Nigériens, permettait au Chef de l’Etat de communiquer sur la gouvernance du CNSP en levant bien d’équivoques sur certains aspects de la gestion actuelle du pays qui n’a rien à voir avec un autre – suivez mon regard – pour croire qu’il pourrait se servir d’officiers de valeur qui savent faire le meilleur choix pour leur pays. Ils ne sont pas les sujets d’un homme mais des soldats de la République !

Le Général Tiani venait donc pour rassurer les Nigériens. Et il ne passe pas par quatre chemins pour le dire : « Nous ne trahirons pas le Niger, nous n’abuserons pas de la confiance des Nigériens ». Il dira en plus, pour lever les doutes, qu’ils ne sont là pour personne si ce n’est le Niger : « Nous ne protégerons personne et nous demandons que les Nigériens nous soutiennent dans notre action de moralisation de la vie publique » et, notamment, « à choisir les hommes, intègres et rigoureux, qui mèneront, dans le cadre de la COLDEFF, ce travail pour faire la lumière sur la gestion précédente et élucider toutes les malversations, tous les faits de corruption qui ont entaché les douze années de gouvernance. Cette action n’épargnera donc personne, car il s’agit de mettre fin à l’injustice, au vol, aux détournements massifs que le pays a connus la dernière décennie, à la concussion.

C’est à juste titre qu’il mettait au pilori les comportements de certains acteurs politiques qui ne peuvent faire montre de culture démocratique pour respecter les règles de la contradiction ainsi que le veut le jeu politique. Comment ces hommes, s’indigne-t-il, peuvent-ils se comporter d’une certaine manière alors qu’ils ne tiennent pas le pouvoir par la force ? Aussi dira-t-il, « On n’aura pas terrassé l’un après l’autre, les 26 millions de Nigériens » pour s’imposer président pour croire qu’on est si fort à les diriger ; l’on n’est président en démocratie que par la volonté du peuple. On ne peut donc pas gouverner en méprisant ceux par qui l’on est président, c’est-à-dire par leur délégation de pouvoir. On ne peut donc pas laisser les hommes faire ce qu’ils veulent d’un tel pouvoir ad vitam aeternam. L’armée mettait donc fin à de telles dérives inacceptables. L’insouciance et le laxisme ne peuvent permettre de gérer un Etat pour laisser chacun faire ce qu’il veut comme si le pays devenait leur propriété exclusive.

Pour convaincre davantage que le CNSP ne venait pas pour le pouvoir sortant des casernes, mais pour une mission patriotique précise qui vise à remettre le Niger sur les rails pour rectifier la trajectoire périlleuse dans laquelle le poussait la Renaissance, le Général Tiani donnait des gages. Le temps de la transition, pour le Général Tiani, ne peut donc pas aller à cinq ans, car il ne s’agit pas, par des voix détournées, de s’octroyer un mandat, mais de se servir d’une courte période, raisonnable, pour régler des anomalies et permettre au Niger et à sa démocratie de repartir sur de bonnes bases que le prochain forum devra tracer par la concertation de l’ensemble des filles et fils du pays. Les règles de la démocratie seront repensées, l’agriculture sera refondée pour en faire un outil de souveraineté nationale au service de l’autosuffisance alimentaire et de l’économie nationale et rurale. Le Niger ne doit pas importer ce qu’il mange car il a des bras valides, il a des terres arables, il a de l’eau. L’Etat peut seulement organiser le secteur en apportant l’aide nécessaire aux producteurs.

Cela est d’autant faisable qu’avec des pays frontaliers, le Niger mettait ensemble un cadre de solidarité agissante pour mieux sécuriser le Sahel et entrevoir, on l’espère, des espaces de coopération qui pourraient même à terme éteindre la fameuse CEDEAO qui a oublié jusqu’aux fondements de sa création pour croire qu’elle pourrait être un instrument de guerre au service de l’impérialisme contre ses Etats membres. L’AES, l’Alliance des Etats du Sahel, est une organisation dont un contexte historique difficile a justifié la création. Les peuples s’y sentent engagés pour en faire un nouvel espace de vie et de prospérité, capable, dans la mutualisation des efforts et des intelligences, de faire face à tous les défis. Pour finir, le Général Abdourhamane Tiani a lancé un appel vibrant à l’ensemble des Nigériennes et des Nigériens. Il a ainsi appelé, au nom de la solidarité nationale, et de notre devoir de mémoire pour ceux qui sont tombés sur le champ d’honneur pour que survive la patrie, de soutenir ces veuves et ces orphelins à qui la guerre injuste qu’on a imposée au pays a arraché l’affection irremplaçable de leurs pères. Aussi, saluant la mobilisation des Nigériens pour soutenir le CNSP, le Général Tiani a renouvelé son appel pour une mobilisation encore croissante qui devra conduire le Niger et son peuple à la victoire finale. Dans le contexte qui est le nôtre, les Nigériens, plus que jamais, devront s’unir, devront renforcer leur cohésion pour que l’ennemi ne trouve pas la faille qui puisse lui permettre de prendre place dans leur combat. Le Général jurait qu’ils ne cèderont pas et ne trahiront jamais.

Mon Général, aujourd’hui, les actes posés notamment dans les nominations poussent les nigériens au scepticisme, au doute. Des dérives remarquées qui trahissent l’engagement du CNSP et qu’il faut corriger pour se démarquer véritablement du système déchu. Les nigériens, pas ceux qui portent des masques, apportent leur soutien sans faille au CNSP. Il ne faut donc pas les trahir. Et ces nigériens attendent toujours la réalisation de cette parole donnée. En vérité, le CNSP ne doit se faire harakiri en laissant les thuriféraires du régime déchu s’organiser et éventuellement s’en prendre à lui.

Mairiga

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